Voici un film documentaire sur Flore, une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui de manière imprévisible, retrouve la vie.
Son fils, le cinéaste, suit son parcours sur plus de deux ans.
On la voit tout d’abord perdre ses fonctions cognitives et motrices jusqu’à l’indifférence ou l’agressivité et une quasi-immobilité ou somnolence. Amaigrie, elle se morfond des mois durant sur une chaise roulante. Constatation que nous faisons tous avec tristesse devant la dégradation attendue de nos proches ou de nos patients.
Mais ce qui suit dans le film est absolument surprenant et beau. Sa famille ne se résigne pas. Flore est extraite des maisons de retraite médicalisées et réintroduite dans sa maison de Corse au bord de la mer où elle a élevé ces mêmes enfants qui aujourd’hui avec patience lui rendent son amour. On assiste à une prise en charge formidable par les enfants, le médecin généraliste, les infirmières, le kinésithérapeute, et deux auxiliaires de vie hors du commun. Toutes ces personnes coopèrent et l’amènent, au rythme lent de ses capacités de ré-apprentissage, à renaître littéralement. Émotions, gestuelle naturelle, re-nutrition, marche aidée puis seule, nage, randonnée, tendresse et humour.
C’est une jeune femme alerte, un peu étrange et attachante, capable d’aimer et d’être heureuse, que nous quittons à regret, après seulement dix-huit mois de « rééducation ».
Cette histoire vraie, admirablement filmée, est une démonstration médicale surprenante. Celle qu’aujourd’hui, la dégradation comportementale et affective des malades d’Alzheimer n’est pas inéluctable. Qu’une prise en charge globale, affective et sensori-motrice est déterminante pour garder en éveil des fonctions cérébrales et corporelles qui vont, sans cela se dissoudre.