mars 2010 : où en est la santé des femmes ?

La santé des femmes doit faire l’objet d’attention particulière parce que, dans de nombreuses sociétés, celles-ci sont désavantagées en raison de discriminations liés à des facteurs socioculturels. C’est le thème du numéro de mars de la Lettre d’ARèS92, un réseau de santé s’occupant de sida, addictions et précarité dans le nord des Hauts-de-seine, et dont les animatrices sont des femmes...

A l’heure où l’on parle de « quota de femmes » dans les conseils d’administration des grands groupes français il nous semble important de rappeler que selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) le fait d’être un homme ou une femme a sur la santé des conséquences importantes, qui résultent à la fois des différences biologiques et sociales.

La santé des femmes doit faire l’objet d’attention particulière parce que, dans de nombreuses sociétés, celles-ci sont désavantagées en raison de discriminations ancrées dans des facteurs socioculturels. Ainsi, la vulnérabilité des femmes face à la contamination par le VIH résultant de ces facteurs socioculturels a été largement démontrée dans de nombreuses études.

Parmi les facteurs socioculturels interférant sur l’état de santé des femmes, on trouve :
-  Des relations inégales entre hommes et femmes : malgré une progression rapide l’activité professionnelle des femmes reste inférieure à celles des hommes et en moyenne, les salaires des femmes sont inférieurs de 25 % à ceux des hommes en France. En 2007, le taux de chômage des moins de 25 ans était de 23 % chez les femmes versus 19 % chez les hommes.
-  Des normes sociales qui réduisent leurs possibilités d’éducation et d’emploi rémunéré : 2/3 des emplois peu qualifiés ou dont les qualifications ne sont pas reconnues sont occupés par des femmes
-  Une vision de la femme centrée exclusivement sur son rôle procréateur favorisant l’inactivité professionnelle ou le travail partiel : les femmes sont proportionnellement trois fois plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel. Subi ou choisi, ce travail répond souvent au besoin de concilier vie familiale et professionnelle et la présence d’enfants au foyer est déterminante.
-  Des menaces ou de réelles violences physiques, sexuelles et émotionnelles : en France, un décès de femme est imputable aux violences conjugales tous les 3 jours
-  La pauvreté touche plus les femmes que les hommes : selon l’INSEE, en 2007, le taux de pauvreté des femmes étaient de 14% et celui des hommes de 12.8%.

En 2008, les femmes représentent 54.4% des adultes rencontrés au Secours Catholique. Avec ou sans enfants, les femmes seules sont de plus en plus nombreuses dans la population française (19% des femmes vivent seules selon le recensement de 2005 et le taux de pauvreté des familles monoparentales atteint les 64,4% pour les mères seules sans activité professionnelle).

Alors que la pauvreté représente un obstacle important à l’amélioration de la santé des hommes et des femmes, elle tend à augmenter la charge pesant sur la santé des femmes. Cet impact de la précarisation sur la santé de ces femmes nécessite une prise en charge spécifique. Les femmes vivant dans la rue ont quasiment toutes subi de multiples violences, parfois dès l’enfance : abus sexuels, violences conjugales, agressions physiques, rejet familial, stigmatisation sociale...

A force de répétitions, cette maltraitance est à l’origine de la perte de leur logement. Elles ont une estime et une image d’elles-mêmes au plus bas, d’autant plus accentuées qu’elles ne bénéficient pas d’une vie intime, que leur corps est constamment exposé au regard d’autrui, notamment à celui des hommes.

Parce que l’équipe salariée de coordination du réseau de santé ARèS 92 est à 100 % féminine nous avons souhaité aborder ces difficultés dans un numéro un peu spécial qui, nous l’espérons, vous apportera des réponses dans la prise en charge de vos patientes mais aussi rendre hommage aux femmes de tout âge et de toute nationalité. A toutes celles qui, contre vents et marées persévèrent à aimer, à rêver et à lutter pour un monde meilleur.


La cellule de coordination du réseau de santé ARèS92 (vih, addictions, précarité)

lundi 5 avril 2010


Ce texte est l’éditorial du numéro de mars de la Lettre d’ARèS 92 (n°34, 1er trimestre 2010)

Vous pouvez lire les publications du réseau ARèS92 sur son site :www.ares92.org

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