Voilà le communiqué du 12 juin 2024 du Printemps de la psychiatrie, dont Pratiques est partenaire :
Dimanche soir nous avons été saisis par l’événement : la dissolution décidée par Macron a rendu possible l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Le pire est à nos portes. Il est urgent d’agir pour se rassembler et empêcher cette bascule périlleuse. Permettre l’installation d’un régime d’extrême droite, c’est laisser libre cours à cette logique de destructivité et de déshumanisation contre laquelle nous luttons déjà au quotidien.
Souvenons-nous de la fondation d’une psychiatrie humaniste dans la résistance antifasciste pendant la Seconde guerre mondiale avec François Tosquelles et Lucien Bonnafé qui, dans le cadre de la Résistance, luttèrent pied à pied à Saint-Alban avec celles et ceux qui se tenaient là, patient.es, religieuses, paysan.nes, réfugié.es, alors que se produisait ailleurs une « hécatombe des fous » avec 40000 mort.es de faim. C’est depuis cette position résistante et inventive que cette révolution psychiatrique s’opéra, et que se construisirent ces mouvements émancipateurs en psychiatrie que sont la psychothérapie institutionnelle, le désaliénisme, et la psychiatrie de secteur.
La destruction de l’hôpital public a été menée depuis quarante ans par les gouvernements successifs avec des attaques contre la Sécurité Sociale, contre la Solidarité comme organisatrice de notre système de santé, tentative d’effacement de ce que le Conseil National de la Résistance imagina dès le mois de mai 1943. Les dizaines de milliers de lits fermés en psychiatrie au fil des décennies, ainsi que les CMP, CATTP… ont empêché l’accès aux soins des moins malades obligé.es de se contenter de prescriptions de psychotropes à vie par leur généraliste et jeté les plus fragiles dans la rue ou en prison. Depuis la construction de la figure du schizophrène dangereux jusqu’aux fichiers Hopsyweb, les gouvernements ont désigné les « hors la norme » comme une des figures de l’ennemi. La contention est réapparue, le recours à l’isolement s’est démultiplié, les hospitalisations sans consentement se sont généralisées. Depuis la « nuit sécuritaire » de Sarkozy, nos différents collectifs œuvrent à défendre une psychiatrie humaine, celle qui permet à chacun.e, avec du temps et de la présence, de sortir de la catastrophe et de retisser les fils de l’existence humaine.
Les 24 et 25 mai nous tenions des Assises citoyennes du soin psychique à la Bourse du travail de Paris. Rassemblant patient.es, familles, soignant.es et citoyen.nes, elles furent graves et mobilisantes, joyeuses et combatives. Pierre Dardot nous rappela dans son propos la constitution récente d’une internationale fascisante à Madrid. Nous avons conclu provisoirement en insistant sur les principes qui nous portent : l’hospitalité à la folie, la défense de notre système de santé, l’accès aux soins pour tou.te.s, l’hôpital public, et la défense des soins psychiques dans le médicosocial.
On peut parier que l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir ne fera qu’aggraver la casse d’une psychiatrie soucieuse de l’humain et de l’altérité, luttant contre les processus ségrégatifs et discriminants. Le programme du Rassemblement National, en proposant d’augmenter le pouvoir d’achat des salarié.es en réduisant leurs cotisations sociales va encore réduire les moyens de la santé en général et de la psychiatrie en particulier.
Pour empêcher cette catastrophe nous appelons à rejoindre toutes les initiatives et manifestations citoyennes, associatives et syndicales qui vont se tenir autour du mot d’ordre de Front Populaire.
Dans nos pratiques et dans nos vies, dans la rue et par nos votes, pour que les 30 juin et 7 juillet prochains les urnes ne soient pas le tombeau de nos libertés, mobilisons-nous !
Pour celui du 13 juin 2024 de nos amis de l’Union syndicale de la psychiatrie, voir sur leur site.
Et pour celui du 13 juin 2024 de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics, c’est ici.