La pandémie vient de nous rappeler ce que constatent tous les jours dans la prise en charge des souffrances psychiques et sociales les professionnels du soin. L’équilibre et le développement du sujet humain dépendent étroitement de son environnement social et culturel. Les relations humaines exigent un soin, un souci, une sollicitude qui mobilisent tact, délicatesse et parole pour accueillir et traiter la vulnérabilité spécifique de notre humanité. Et ce d’autant plus lorsque le sujet humain, conjecturalement ou structuralement, est en proie à l’angoisse et à la détresse. Les professionnels du soin doivent connaître les techniques de santé sans pour autant se réduire à des techniciens taylorisés d’une chaîne de production sanitaire sans âme et sans conscience. Plus encore que dans d’autres métiers soumis aujourd’hui à cette violence technocratique, les professionnels du soin psychique doivent pouvoir exercer leurs métiers en connaissance de cause.
Pourtant, là comme dans les secteurs de la recherche, de l’éducation, de la justice et du travail social, une politique de « casse des métiers » se met en place par le jeu de prescriptions normatives, d’arrêtés et de projets de lois purement sécuritaires augmentant les dispositifs de contrôle aux dépens de la qualité des soins (pour les plus récents : Plateformes diagnostiques, Arrêté du 10/03/2021, Proposition de création d’un Ordre des psychologues, …). La poursuite, voire l’accélération de cette politique, imposée de façon anti-démocratique, dans le mépris absolu des associations et organes de représentation des professionnels, se prévaut d’une vision réductrice, neuro-cognitive et sécuritaire du sujet humain et a pour conséquence la destruction des pratiques, des dispositifs de soins et des statuts professionnels. Plusieurs de ces « coups d’État bureaucratiques » ont été réalisés avec la complicité de responsables partisans d’une éradication des théories et des pratiques psychodynamiques, peu soucieux de masquer leurs conflits d’intérêts épistémologiques et marchands. Un sujet humain sans environnement, sans histoire, sans culture, sans responsabilité, piloté par ses neurones, ne correspond pas à notre expérience du soin, et pas davantage à notre désir de progrès et de justice sociale.
Face à ces attaques contre le soin tout autant que contre la démocratie, et dans la perspective des « Assises de la psychiatrie et de la santé mentale » montées dans la précipitation, il faut plus que jamais nous réunir pour envisager une réponse concertée. Cette réponse ne saurait être cantonnée à la psychiatrie ou à la psychologie, elle concerne tous les métiers aujourd’hui impactés par une logique purement comptable et instrumentale qui compromet les services que nous devons aux citoyens.
Nos trois collectifs appellent l’ensemble des associations, collectifs et collèges professionnels, organisations syndicales, associations de patients, organismes représentatifs de parents, et les citoyens à une réunion :
Dimanche 2 mai 2021 à 14h à Montreuil
Espace AERI, 57, rue Etienne Marcel, 93100 Montreuil, M°9 - Croix de Chavaux
ET en VISIO-RASSEMBLEMENT
https://us02web.zoom.us/j/88228772901?pwd=SU0xK3FaUWgvWFVRbWw5am52T1h2dz09
ID de réunion : 882 2877 2901 ; Code secret : 343200
Paris, Marseille, Montreuil, le 16 avril 2021
Appel des Appels – Collectif des 39 – Printemps de la psychiatrie