Éric Bogaert
Psychiatre de secteur psychiatrique retraité
Roger Gentis est mort le 1er août 2019.
[Annonce du 15 avril 2020]
En raison des restrictions sanitaires légales cet hommage ne pourra avoir lieu à cette date. Dès que les modalités d’un report ou d’une alternative seront décidées l‘information en sera publiée ici.
J’avais entendu son nom dans les années 1970, pendant mes études de médecine puis de psychiatrie, associé à des ouvrages « slogans » de sa plume comme La psychiatrie doit être faite/défaite par tous (1973), ou Les murs de l’asile (1977), qui ont fait passer cet honnête homme doux révolté pour un anti-psychiatre.
Il a travaillé une bonne dizaine d’années à partir de 1952 (année de ma naissance mais aussi de celle de la mise sur le marché des premiers neuroleptiques) à l’hôpital de St Alban avec François Tosquelles, où je l’ai vu, bien plus tard, dans ce film de Mario Ruspoli, « regard sur la folie » (1962). Il passait un long moment, doux, attentif, conversant simplement avec une vieille femme hospitalisée. Cette « consultation » banale ouvrait un champ de rencontre possible avec cette femme vieille, simple, internée, alitée et frustre ; une trace de femme, comme ils disent en Lozère, ainsi appelée à consister, debout, dans le monde.
Discret, économe d’une parole laissant la place à l’autre, l’esprit vif et fin, il a transmis d’une plume travaillée ses convictions humanistes et une pratique psychiatrique engagée dans la psychothérapie institutionnelle.
Il a écrit entre autres :
- La psychiatrie doit être faite/défaite par tous, Maspero, 1973.
- Les murs de l’asile, Maspéro, rééd. La Découverte, 1988.
- Les schizophrènes, rééd. érès, 2002.
- Le corps sans qualité, érès, 1995.
- La psychiatrie à quoi ça sert et Freudaine, érès, 2010.
- Et avec Patrick Faugeras, Rencontre avec Roger Gentis, un psychiatre dans le siècle, érès, 2005.
Une journée d’étude, en hommage à sa pensée et à son engagement, est proposée, organisée et animée le 15 mai prochain par le groupe de travail « Le collectif » et l’association ASEM de l’hôpital de Montfavet auxquels s’est associée l’association culturelle du centre hospitalier d’Alès (cf. la plaquette en pièce jointe).