Enfin, la souffrance au travail fait irruption dans l’actualité et dans le discours des femmes et hommes politiques, du moins certains, en tout cas même le PDG de France Télécom s’en aperçoit même si pour lui ceci n’est qu’une mode (sic)
Il a donc fallu compter plus de vingt trois morts par suicide pour que le sujet devienne d’actualité, triste actualité. Une certaine France découvre que le travail et surtout son organisation est pathogène et que la souffrance qui en résulte peut pousser des femmes et des hommes à choisir la mort comme seule issue à leur détresse.
Cela nous pose deux questions : quelle est cette société où la gravité d’une crise sociale ne devient problème que lorsque qu’elle tue ? Pourquoi le cri d’alarme lancé par les médecins du travail et certains médecins généralistes est-il tellement inaudible ?
Ces deux questions nous poussent à réfléchir au sens et à la finalité de nos missions. Face à la souffrance au travail qui s’exprime si fort dans nos cabinets, sommes-nous condamnés à l’endormir avec nos prescriptions de psychotropes comme nous le demande la société au travers des recommandations de bonnes pratiques, ou sommes nous au contraire des témoins privilégiés de cette crise sociale et à ce titre des lanceurs d’alertes qui ne se taisent que lorsque la question est enfin posée dans le débat public et citoyen ?
Il y a bien des médecins sentinelles qui observent les épidémies et donnent l’alerte quand la France a la diarrhée ou quand elles est grippée, alors pourquoi ne pas demander officiellement à des médecins d’interpeller les pouvoirs publics quand le travail, valeur centrale du fonctionnement social, devient mortel ?
Mais cela est probablement trop subversif !!!