Le cauchemar de Foucault : Le CAPI (Contrat d’Amélioration des Pratiques Individuelles) !

"Surveiller et punir" , plus que jamais à l’ordre du jour : le CAPI, dernière innovation du Gouvernement, vient à point pour l’illustrer(voir notre article à la rubrique ACTU).

Car, finalement, est-il un seul point du fameux programme de Jeremy Bentham - analysé par Foucault dans son livre - qui ne soit repris par ce contrat ?

 ? Recenser  : voilà les patients étiquetés, comptés, catégorisés (âges, affections, comportements…) dûment fichés,

 ? Rétribuer la délation  : 7 € par patient, multiplié par la moyenne pondérée des "taux de réalisation" moyens (sic)

 ? Criminaliser les plus pauvres  : les patients qui ne pourront pas financer les obligations d’examen prescrites par ces contrats commettront le "crime" d’atteinte au revenu de leur médecin et seront par conséquent impitoyablement éliminés de sa clientèle…

Qu’y manque-t-il donc ? : Ah, nous allions oublier : "Enfermer" (le "Panoptique" de Bentham) les récalcitrants n’est pas encore prévu par le dit contrat. Cela viendra. Nous devrions, en toute logique, voir se créer dans les prochaines années, une fois constaté que les CAPI, sous leur forme actuelle, n’auront contribué en rien à réduire le trou de la Sécu, des camps de redressement de ces malades criminels : stalag 1 les diabétiques, stalag 2 les femmes de plus de 50 à 74 ans, stalag 3 les hypertendus, etc. Les médecins, postés dans les miradors, seront rétribués en fonction de la proportion de ces criminels-malades qu’ils seront parvenus enfin à "normaliser". Le chef de camp n’aura même pas besoin de se montrer pour motiver ses agents, le système de récompense des gardiens-médecins suffisant à en assurer le dévouement.

Et que fera-t-on des irrécupérables, les pauvres, ou tout simplement ceux dont les pathologies ne pouvaient être prévenues et soignées que par une politique de prévention et de mise en réseau collective des intervenants sociaux, médicaux, éducatifs, ou encore par une meilleure prévention des nuisances environnementales, ou encore par de meilleures conditions de travail ou, tout simplement, une écoute empathique et individuelle par leur médecin traitant, condition essentielle de leur participation personnelle à la cure ?

Oui, qu’en fera-t-on ?

jeudi 2 juillet 2009, par Lucien Farhi

Documents joints

Lire aussi

Âge légal de départ en retraite et arrêts maladie : quels effets du passage de 60 à 62 ans en 2010 ?

22 février 2023
par Marie Kayser
Ce recul du droit à la retraite s’est accompagné d’une augmentation des arrêts maladie ; celle-ci a été plus marquée pour les personnes ayant connu des évènements de santé importants dans le passé. C’est …

L’espérance de vie change depuis la COVID-19

15 décembre 2022
par Pierre Volovitch
Pierre Volovitch Économiste Note de l’auteur. Cet article est paru le 17 octobre dans Nature Human Behaviour Ci dessous un « résumé ». Tout ce qui n’est pas en italique est directement issu de …

Âme(s) à vendre ! (4)

25 novembre 2022
par Eric Bogaert
Les dernières nouvelles de la SCIC Clinique de Chailles La Chesnaie ne sont ni bonnes ni inattendues. Si dans les contes pour enfants le loup ne mange pas le petit chaperon rouge, dans notre monde …