Un article du Lancet [1] vient d’être repris par de nombreux sites d’information, dont Le Monde [2], signé par un sociologue, David Stuckler et son équipe.
L’étude statistique des données épidémiologiques d’Eurostat y montre un accroissement rapide et inquiétant des taux de suicide, de la consommation de drogues et de l’infection HIV, entre 2007 et 2009. L’article révèle une aggravation des difficultés d’accès aux soins pour les Grecs. Les patients déclarent moins consulter leur médecin et leur dentiste, même s’ils en ont besoin, par manque de temps, trop longue distance et une incapacité à se payer de tels soins...
Les données grecques Hellastat de santé publiques ont, elles aussi, été analysées sur 2010. On y observe une augmentation significative des cas de suicides – 17 à 25% – qui semble liée à des situations d’endettement personnel important, directement en relation avec la perte d’emploi [3]. A été observée également une augmentation spectaculaire de 51% des nouveaux cas d’infection HIV, ainsi qu’une augmentation de 20% de la prévalence des usagers d’héroïne par rapport à 2009.
Selon l’analyse des auteurs, cette aggravation brutale des indicateurs de Santé Publique est directement liée aux coupes budgétaires du Ministère de la Santé : le budget des hôpitaux a ainsi été réduit de 40%, celui des programmes de prévention des risques vis à vis des usagers de drogues de 85%.
Les auteurs concluent que les efforts du gouvernement grec pour financer la dette, ainsi que la pression internationale et en particulier celles des gouvernements allemand et français, se répercutent finalement sur les gens les plus vulnérables : perte d’emploi, perte d’accès aux soins, exposition accrue à des conduites à risque (toxicomanie et prostitution) ; prix qui peut aller jusqu’à la vie elle-même.
In fine, la santé financière des banques et de leurs actionnaires nuit gravement à la santé des Grecs et probablement à celle des populations précaires de beaucoup d’autres pays....
Séraphin Collé
MG en colère