Incluant deux séances du cours de J-A Miller intitulées : « Point de capiton » et « L’inconscient à venir », ce numéro 92 de la revue de l’École de la Cause Freudienne qui vient de paraître, intitulé Internet avec Lacan, amplifie et enrichit le débat qui se donne libre cours dans le dernier numéro 79 de Pratiques au titre non moins polarisé « santé connectée ». Il s’agit donc d’une confrontation commune, mais sans partage, où la relation vs lien social est interrogée dans sa conjugaison à la connexion. Une relation ici particularisée, puisque fondée sur le transfert. Le numérique, à ce propos, en est un analyseur. Comment survit-elle cette relation, dans un pays quasi en guerre comme le Vénézuela ? Que devient-elle dans un pays comme la Chine qui s’est convertie à la Skype-analyse ? la consultation virtuelle a-t-elle un sens ? Il s’ensuit aussi quelques reconsidérations. La différence entre l’érotisme et la pornographie, la rencontre via l’art de matcher son partenaire via un logiciel, le devenir de la vie amoureuse, tout cela vu du Brésil. La passion pour la machine menace-t-elle la médecine comme discipline, quand l’image et la voix se substituent à la mise en présence des corps ? L’instantanéité et le réseau donnent aussi un autre relief aux notions de collectif, de foule, de multitude. Et l’intimité, où la jouissance narcissique trouve un nouveau débouché, est l’enchaînement à une addiction quasi érotomaniaque. Les algorithmes interrogent, eux, notre rapport au savoir, et au sens qu’il nous revient, quoi qu’il en soit, de lui donner, tout comme notre rapport à la mémoire. On débat et on se débat dans ces questions qui n’en sont qu’à leur émergence, quand déjà d’autres poignent comme celles que peut susciter une dite normalisation des sujets autistes par les robots.
