Au Petit matin
Un jour des représentants du peuple ont voté une loi qui interdit d’aider des étrangers sans papiers à vivre chez nous. Le 17 novembre 2007, à l’aube, des policiers sont venus arrêter deux travailleuses sociales pour les conduire au poste de police et les mettre en garde à vue en vertu de cette loi qui interdit de tendre la main à l’étranger. [1]
Cette arrestation au petit matin est terrible. Elle est terrible pour ces femmes, elle est terrible parce qu’elle fait ressurgir de nos mémoires le souvenir des temps où il ne faisait pas bon vivre en France quand on était démocrate, terrible car si le silence se fait, ce sont tous les soignants qui soignent les sans papiers qui risquent d’être réveillés au petit matin et traînés au commissariat.
La loi qui nous interdit d’aider un étranger sans papiers à vivre sur notre sol est une loi liberticide. Nous sommes des professionnels du soin qu’il soit médical ou social. C’est notre honneur de ne pas sélectionner les personnes à l’entrée de nos permanences sociales ou de nos cabinets médicaux. Nous travaillons dans le respect de valeurs et d’une éthique qui sont inhérentes à notre mission sociale.
Si nous détournons les yeux pour ne pas voir nos collègues arrêtés par la police, si nous nous taisons par peur des représailles, si nous courbons la tête et acceptons de transgresser notre déontologie, quel sens y a-t-il à continuer notre travail ?
Cette arrestation au petit matin n’est pas un détail dans la lutte contre l’immigration clandestine, elle est un tournant qui signifie que nous changeons de société.
Il est temps que tous les acteurs de la relation d’aide à l’autre, que tous les citoyens épris de justice protestent contre ces arrestations et soient solidaires des victimes de cette politique infamante.