« Ah vous ne faites pas grève, vous, docteur, j’ai entendu que les pharmaciens et les médecins... ».
Non, je ne fais pas grève ce mardi 30 septembre, et je renvoie ce brave patient à la lecture du communiqué de presse du SMG, daté d’hier, qui est affiché en salle d’attente. Vous pouvez, vous (…)
Vos commentaires
# Le 2 octobre 2014 à 07h27, par Martine Lalande En réponse à : Incompréhensible, cette grève...
Moi non plus je ne fais pas les mauvaises grèves...
Mais j’ai eu du mal à en discuter avec mes collègues : qu’est-ce que ce plan de santé va changer ? que ce ne soit plus la Sécu qui discute avec les professionnels mais l’ARS, est-ce que cela ne va pas accroitre les disparités/inégalités régionales ? pourquoi n’y a-t-il pas plus de cohérence dans ce qui est proposé ? pourquoi remet-on le tiers-payant aux calendes de 2017 alors qu’on en a besoin maintenant ? l’idée d’infirmière clinicienne, est-ce le début d’une délégation de tâches et comment ? rien n’est clair dans ma tête et encore moins pour en faire un argumentaire...
Une seule chose est évidente pour moi, je ne veux pas m’associer à ceux qui crient contre le tiers payant tout en demandant une nième augmentation. La consultation était à 17.50 lors du passage à l’euro, elle est à 23 euros maintenant, c’est une belle augmentation en une dizaine d’années...On peut seulement se dire que si la Sécu n’avait pas gaspillé autant d’argent pour les primes à la performance (est-ce que cela a amélioré les pratiques ? est-ce que c’est seulement évalué ?) il en resterait pour faire autre chose, peut-être aligner le prix de la consultation des généralistes sur celle des spécialistes, mais même là, ce n’est pas passionnant comme reconnaissance, mieux vaudrait sortir du paiement à l’acte et arrêter de nous seriner avec le trou de la sécu quand on arrose les praticiens avec des primes qui n’ont pas de sens...
Dans mon groupe de pairs ce mardi, un médecin pas du tout militant, proche de la retraite et que j’énerve beaucoup quand je cite à tout bout de champ Prescrire (donc que je croyais plutôt "classique"...), a juste dit : "quand est-ce qu’on fait un service public de santé, qu’on salarie les médecins et qu’on les paye tous 3500 euros pour 35 heures...?"
# Le 2 octobre 2014 à 21h53, par lorrain En réponse à : Incompréhensible, cette grève...
Y aurait-il de mauvaise grève ? La grève ne relève t-elle pas un droit inaliénable, etc... et je suis de ceux qui n’aiment pas les briseurs de grève, comme ça, pas dans les chromosomes, mais dans la culture politique... mais n’est on pas arrivé depuis quelques temps dans un autre temps.
La rue, je veux dire la manif, et la grève, ne sont-elles pas empruntées plus souvent qu’hier par ceux contre qui nous avons manifesté ou fait grève. Dans un langage suranné, pourrait-on dire que la rue, le boulevard, est ouvert à la réaction, au conservatisme. Ce qui supposeraient quelques avancées que nous aurions à défendre.
Nous avons donc à nous opposer, vigoureusement, à briser des grèves dont nous estimons les mots d’ordre incorrects, voire abjects . Ce n’est pas nouveau, dans une histoire qui ne date pas d’hier, peut-être d’avant hier. Les médecins qui défendent la Charte libérale de 1927 en faisant l’impasse sur le compromis politique et social de 1945 nous paraissent d’un autre temps que nous croyions révolus, et pourtant, ils sont là, ils font grèves et cependant nous partageons avec eux d’immenses difficultés dans nos pratiques.
Mais d’accord avec toi, ta réaction me conforte, nous ne pouvons pas nous associer à leurs revendications merdiques : il y a de la castagne dans l’air !
philippe
# Le 5 octobre 2014 à 16h11, par Martine Lalande En réponse à : mais les pharmaciens ?
Où chacun défend son pré carré...
Mais parmi tous les corpos, il y a les pharmaciens, qui étaient très majoritairement en grève vers chez moi mardi dernier.
Et quand même, l’idée que les médicaments seraient vendus en grande surface, moi ça ne me plaît pas...
Je connais des petites pharmacies de quartier qui faisaient vraiment un boulot de proximité et de relais, et même de premier recours avant que les gens viennent nous voir, et pour plein de situations où ils n’ont pas besoin du médecin mais d’être bien conseillées et orientés...
Ces pharmacies-là ne font pas le poids face à de beaucoup plus grosses qui font leur bénéf sur les produits cosmétiques ou en se spécialisant dans certaines ventes (comme les bas de contention ou autre matériel...)
On assiste au rachat des petites pharmacies pour grossir des entreprises rentables mais beaucoup moins à l’écoute des patients...
Je me souviens avoir interviewé un copain pharmacien dans la revue sur les déserts qui exposait pas mal le problème (Pratiques 60, page 56 : "Gardien des poisons")
Et si, dans un service public de santé, les pharmaciens étaient salariés et leur travail redéfini autour du conseil, ce serait pas mieux pour tout le monde ?