Pratiques a déjà conté sur ce site les débuts controversés de cette initiative, chaudement appuyée par les pouvoirs publics : la création d’un « Ordre » des Infirmiers (http://www.pratiques.fr/Ordre-national-des-infirmiers-la.html).
L’actualité du moment remet l’ouvrage sur le métier : l’Ordre en question, victime de ses propres désordres – une folie paranoïaque de dépenses –, donne de la bande. Le manque d’empressement des intéressés à s’y inscrire, donc à y cotiser les sommes déraisonnables exigées à cet effet, malgré la menace des foudres et sanctions brandie sur leurs têtes, a fait le reste.
La solution raisonnable eût été de reconnaître la vanité de l’exercice et de mettre le plus proprement possible fin à cette gabegie : faute avouée, à moitié pardonnée. Xavier Bertrand, sollicité, avait eu la velléité d’un premier et bon mouvement quand, sollicité par un Président par intérim hâtivement nommé, il avait fermement repoussé toute idée de sauvetage par des fonds publics : « un Ordre ne peut être financé que par les professionnels qu’il représente » avait répondu le Ministre.
Le dépôt de bilan paraissait inéluctable et le sort de cette palinodie scellé, au soir du 28 Juillet : une ardoise de 9 millions d’€, des besoins supplémentaires à terme d’au moins 6 autres, un banquier, la BRED, sourd aux angoisses de son débiteur. Et voilà que survient le sursaut miraculeux. Le 29 Juillet, la BRED, contre toute attente, prolonge son soutien : un troisième président sorti du chapeau après la démission du précédent intérimaire, un ministre qui écrit à présent, du plan de restructuration exposé, qu’il le juge : "crédible et de nature à assurer à terme un budget équilibré" et le tour est joué, la cessation de paiements évitée. De quoi laisser rêveur quand l’on sait les coûts directs et indirects d’un plan social concernant une structure de 150 salariés dont il faut réduire des 2/3 l’effectif, et que, par ailleurs, on table, au titre des recettes, sur un doublement (!) des cotisants en six mois… Alors, coup de pouce, et de qui, aux frais de qui, en ces temps où nos dirigeants, devenus subitement vertueux, en appellent à notre civisme pour éponger la fameuse « Dette » qu’ils ont pourtant créée de leurs propres mains ?
Faut-il rappeler que le Président de la République, en personne, avait été interpellé par les dirigeants du bateau en perdition ? Du coup, appelé par un Xavier Bertrand devenu subitement plus compréhensif, au secours de cet « Ordre » devenu encombrant, François Pérol, le Pdg du groupe des Caisses d’Epargne-Banques populaires auquel appartient la BRED, a donc donné son feu vert à l’opération survie. Mais François Pérol n’est-il pas, par ailleurs, l’ancien Secrétaire général adjoint de l’Elysée… ?
Et quand viendra le moment de régler l’ardoise finale, où ira-t-on chercher les millions manquants ? Heureusement, cela tombe bien, les fonds existent : en Avril 2011, le groupe Caisses d’Epargne-Banques populaires a décidé, opportunément, de tripler le traitement de son président…
Quelques sites et articles :
- CODI (Contre Ordre des infirmiers) : http://codi.xooit.fr/index.php
- Resilience-Syndicat infirmiers contre l’Ordre : http://syndico.exprimetoi.net/forum
- Rue 89 :http://www.rue89.com/2011/08/06/letat-sauve-lordre-des-infirmiers-de-la-deroute-financiere-216757?page=0#comment-2572129
- Espaceinfirmier.com : http://www.espaceinfirmier.com/actualites/detail/42507-publication-1/sursis-pour-l-oni-.html