Je les ai vus à la consultation ces femmes, ces hommes, ces enfants venus d’un pays en guerre.
J’ai écouté leurs souffrances face à la torture, au viol, à la mort sous leurs yeux ; d’une mère, d’un père, d’un enfant.
J’ai eu la chair de poule quand ils m’ont décrit leur voyage pour fuir la mort et leur espoir de trouver en Europe une protection légitime.
Je les ai vus et revus à la consultation, j’ai mis du temps à percevoir enfin, sur leur visage, un apaisement.
J’ai accompagné cet homme dans sa conquête du droit d’asile. Il était devenu aveugle après avoir été atteint d’une balle dans la tête. Il lui a fallu prouver qu’il était en danger s’il retournait dans son pays, l’évidence disparaissait derrière la cruauté administrative.
Non Monsieur Valls les beaux discours sur les valeurs ne valent rien quand vos préfets expulsent vers les pays de la mort ces « étrangers » malades.
Non Monsieur Valls le bidonville de Calais n’est pas la France.
Les réfugiés des pays où nos politiques ont semé les conditions de la guerre ont le droit d’être accueillis en Europe. Nous avons le devoir de tendre la main. Ce geste de fraternité n’est jamais vain. Ces femmes, ces hommes, ces enfants de l’exil arrivés il y a quelques années, ont lentement, très lentement, trouvé une place en France. Ils ont appris le français aux cours d’alphabétisation, ils ont appris un métier, les enfants sont des élèves brillants, ils sont devenus des bâtisseurs dans notre pays.
J’ai tendu la main, leurs sourires sont ma récompense.
Il ne suffit pas de proclamer la solidarité, il faut que notre pays la fasse vivre.
Un pays qui accueil un peuple en errance est un pays qui se grandit et la France a bien besoin de grandeur.