Déjà, en 1977, le n° 13 de PRATIQUES [1] attirait l’attention du lecteur sur les contenus publicitaires du Médiator présenté par le laboratoire SERVIER comme un nouveau médicament, fruit de 10 ans de recherches.
Ce médicament, pharmacologiquement appelé benfluorex, est un dérivé biochimique d’une amphétamine( fenfluoramine) à laquelle a été branché, en bout de chaîne, de l’ acide benzoïque.
A cette époque, les indications du Médiator étaient les hypercholestérolémies, les hypertriglycéridémies, les hyperlipidémies mixtes, le diabète, les athéroscléroses potentielles ou avérées.
Pondéral, Pondéral retard, Isomeride, enfin Médiator° : le laboratoire SERVIER sait utiliser les amphétamines ! [2]
En lui ajoutant quelques radicaux chimiques, le dit nouveau médicament prend une allure respectable. Le mot amphétamine n’est jamais évoqué, les indications sont les troubles métaboliques. La campagne publicitaire sur les vertus de cette « nouvelle découverte » peut commencer et les bénéfices sont à engranger (en 1977, le traitement mensuel par le Médiator° coûtait 84F 30 : supputez le résultat, pour le laboratoire, en extrapolant du mois à l’année, puis au nombre de malades traités, et enfin, au nombre des années…)
L’histoire ne s’arrêtera pas là : Prescrire prend le relais, à partir de 1986, égrenant le doute, au fil des années, d’abord sur le sérieux des études avancées par Servier, quant à la pertinence des indications thérapeutiques du produit, ensuite pour ce qui est de la gravité de ses effets indésirables.
Une commission au sein de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) est constituée à ce sujet dès 2005.
Décision de retrait du médicament : Novembre 2009. Sage lenteur.
Plusieurs centaines de millions de profits, contre quelques vies sans valeur et un petit trou pour la Sécu, le jeu valait bien trente ans d’efforts pour retarder l’échéance, non ? [3]