Face à la gabegie du Lucentis®, sciemment couverte par le Ministère de la santé, la majorité, elle-même, finit par s’inquiéter des impérities de son gouvernement.
Ainsi, deux députés de ladite majorité ont adressé à ce sujet des questions écrites à Marisol Touraine.
La première, Dominique Orliac, députée radicale (républicain, démocrate, progressiste), l’a fait, à deux reprises déjà. La première, en date du 14/08/2012 [1] , demandait à la Ministre quelles étaient les mesures qu’elle comptait prendre pour pallier les effets néfastes de la circulaire du 11 juillet 2012, émise par ses propres services, et interdisant l’usage de l’Avastin® dans les hôpitaux, en substitution au Lucentis®. Dans sa réponse, datée du 27/11/2012 (trois mois plus tard, donc, excusez cette sage lenteur…) la Ministre faisait savoir que, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2013) une disposition était prévue (RTU : Recommandation temporaire d’utilisation), visant à contourner le refus de Roche, fabricant de l’Avastin®, de déposer une demande d’AMM (Autorisation de mise en marché) pour usage ophtalmologique de son produit. La réponse se concluait par un coup de clairon, qu’il n’est pas inutile de citer :
« Le Gouvernement est très soucieux de mettre en œuvre tous les moyens et outils qui permettent une amélioration de l’efficience des dépenses de santé et une bonne allocation des ressources de l’assurance maladie. »
Fermez le ban !
Rien ne s’étant passé, au bout d’un an – sauf que ce délai aura permis à Novartis d’avoir accru de quelques centaines de millions d’€ le produit de son pillage –, la même députée récidive. Le 17/09/2013, nouvelle question écrite [2] : Dominique Orliac demande à la Ministre que sont devenues les bonnes résolutions prévues dans le cadre du PLFSS 2013 et quelle est donc la situation au moment de l’examen du PLFSS 2014 ? On attend avec impatience de savoir maintenant quel est l’air qui va être joué par le Gouvernement, à l’aube de ce nouveau cru…
Parallèlement à Dominique Orliac, Hervé Féron, député socialiste, formulait à son tour une question écrite, en date du 02/07/2013 [3] . Il y rappelait l’écart de 20 fois entre les prix du Lucentis® et de l’Avastin® et demandait ingénument à la Ministre quelles étaient les pistes de réflexion proposées pour traiter le problème [4]. _ Constatons, dans son cas, que le délai record de trois mois, détenu par Dominique Orliac pour sa première question, est pulvérisé : plus de quatre mois écoulés, sans aucune réponse, plus d’un an après avoir édicté une circulaire calamiteuse pour les finances publiques, et une ministre murée dans un silence éloquent…
Qu’avait-elle donc écrit dans sa réponse à Dominique Orliac ? Un « … Gouvernement … très soucieux de mettre en œuvre tous les moyens et outils qui permettent une amélioration de l’efficience des dépenses de santé… »
On frémit à la pensée de ce que serait la réactivité d’un Gouvernement moins soucieux d’efficience ! Mais alors, répétons notre question, celle qui fâche : quels sont donc les intérêts qui gouvernent le Ministère de la santé ?