Que le corps professionnel de la médecine générale soit en grande souffrance, cela est une évidence qui n’aura échappé à personne. Par contre, l’importance de cette souffrance est appréciée différemment selon l’endroit où on l’observe. On ne peut pas dire qu’au ministère de la Santé, Madame la Ministre soit très à l’écoute de la médecine générale, mais de qui est-elle à l’écoute ?
Les citoyens de ce pays ne sont pas très enclin à avoir de la compassion pour ces docteurs qui, somme toute, ne sont pas actuellement les plus malheureux dans notre société. Ce constat d’indifférence aggrave la souffrance des médecins généralistes. Il n’y a rien de plus angoissant que de se sentir abandonné quand on est dans la détresse. Dans cette situation il faut compter sur ses propres forces pour trouver soi-même la voie de la guérison. On ne peut pas dire que le chemin suivi actuellement laisse entrevoir cette guérison. Je passe sur le choix thérapeutique d’une exubérance corporatiste et poujadiste du genre : tous des méchants qui veulent nous « fonctionnariser ». Il n’y a pas plus stupide comme argument thérapeutique.
Quand on propose un traitement, il est impératif que la démarche thérapeutique soit cohérente. Le refus du 1/3 payant ne répond pas à ce besoin de cohérence ! Nous sommes, disent les médecins généralistes, pour améliorer l’accès aux soins mais nous refusons le tiers payant parce que la Caisse Nationale d’Assurance Maladie est incapable de mettre en place un système de gestion simple qui ne pénalise pas le médecin généraliste. Ce n’est pas le tiers payant qui est en faute mais l’Assurance Maladie, dans tout traitement l’erreur de cible est catastrophique.
Quand un traitement se révèle inefficace, il faut en changer. Il me semble que le corps professionnel de la médecine générale devrait d’abord compter sur ses capacités à se soigner. Ce ne sont pas les institutions de la santé qui sont en capacité de la faire, elles manquent trop de courage et de compétences pour mettre en place un véritable système de santé où les soins primaires auraient toute leur place. C’est à la médecine générale de sortir de ses peurs, de ses archaïsmes, de ses conflits, pour proposer le contenu de ce que serait un bon système de santé en France. Nous connaissons la médication : un exercice regroupé, la reconnaissance des nouvelles missions des médecins généralistes dans le cadre de l’exercice pluri-professionnel, la prévention : médecine d’avenir pour lutter contre l’épidémie de maladie chronique, l’utilisation de moyen moderne de partage de l’information… Des médecins généralistes de plus en plus nombreux admettent que la voie de la guérison est celle-ci, alors accélérons la démarche thérapeutique.