Une nouvelle année commence pour cette rubrique du billet d’humeur. Ce sont souvent mes révoltes du quotidien qui nourrissent ces billets. Ils expriment mon sentiment qui se forge, face à toutes les discriminations dont sont victimes les personnes qui consultent au cabinet médical de ma cité, face aux stupidités technico-administratives, face aux leçons de morale ou de rappels à la loi par ceux là mêmes qui s’en moquent quand cela les gêne.
Je profite de cette rubrique pour écrire mes émotions, pour témoigner pour mes patients, comme si cela pouvait contribuer à diminuer un peu les injustices de savoir que leurs situations peuvent être connues. Cela doit m’aider à faire face, une sorte de thérapie de l’instant, car chacun sait qu’il n’est pas bon de brider ses émotions.
J’ai donc la chance de pouvoir écrire sur le site de Pratiques. Il me faut donc remercier Pratiques. Cette revue existe par la volonté de ses rédacteurs, de ses diffuseurs. Comme toujours quand une parole s’oppose à la pensée dominante, elle a du mal à se faire entendre. Il nous faut beaucoup de pugnacité pour faire paraître un numéro de la revue chaque trimestre, non pas que nous soyons en manque de contenu, c’est plutôt le contraire, mais faire vivre une revue est une entreprise complexe.
Le site nous permet d’être plus réactifs, plus en phase avec l’actualité. Il est donc aussi un moyen de communiquer avec les lecteurs, de prendre connaissance de leurs réactions, de nous poser d’autres questions, donc de faire vivre le débat, la réflexion, ce qui est indispensable quand on veut construire une alternative à un système de santé que nous jugeons trop inégalitaire, dans une société où l’individualisme fabrique toujours plus de pathologies.
Nous avons besoin de Pratiques, pour faire vivre l’utopie, pour construire ces lieux de résistances qui donnent du sens à notre vie, qu’elle soit professionnelle ou privée. Chaque lecteur de Pratiques doit se sentir investi de cette volonté de porter le débat, de faire vivre une autre pensée, une autre manière de concevoir le soin et la santé. Nous avons besoin de vos témoignages, de vos critiques, de vos interrogations, de votre soutien, alors, en ce début d’année, abonnez vous !
Didier Ménard
Médecin généraliste