Les dépenses des soins augmentent inexorablement. Les différents plans de réductions des dépenses viennent lamentablement s’échouer sur la rive des réalités. Ces réalités ont plusieurs aspects : le vieillissement de la population, le choix fait de privilégier le tout médical au détriment de la prévention et de la lutte contre les causes des maladies, et surtout le fait de ne pas augmenter les recettes, tout cela ne peut qu’entretenir les déficits. Il y a ceux qui se réjouissent de ces déficits car ils attendent le démantèlement de l’assurance maladie, pour se partager les marchés du soin. Il y a le gouvernement qui tout en se proclamant gardien de la protection sociale la dé-construit petit à petit. Mais tout cela doit être camouflé. Avancer le plus possible dans la pénombre pour cacher la véritable nature des réformes est une constante. Il faut d’abord trouver les coupables du déficit. Ce sont bien évidement les malades qui sont irresponsables, puis ensuite ce sont les soignants qui font n’importent quoi. Alors on va, en tant que gouvernement responsable, éradiquer ces comportements. La priorité est donnée à la lutte contre la fraude, et on dépense plus pour lutter contre la fraude que ce que la fraude coûte réellement. On jette l’argent par les fenêtres avec le dossier médical personnel qui est une chimère. On sabote la formation professionnelle des médecins, pour la remplacer par une évaluation qui n’est que la volonté de contrôler les médecins, pour aboutir au conventionnement individuel, véritable tentative de soumission de l’acte de soin à la logique économique. Pour réussir cette opération camouflage le gouvernement a besoin de montrer que ses réformes sont des succès et le premier de ceux ci est de montrer que grâce à lui les déficits reculent et de montrer l’exemple en remboursant la dette de 5 milliards d’euros que l’état a vis-à-vis de l’assurance maladie.
Heureusement la Cour des comptes veille. Elle dénonce le tour de passe-passe de l’Etat pour régler sa dette envers la Sécurité Sociale. Cette dette devait être réglée grâce à la privatisation des autoroutes mais cela aurait majoré les dépenses et aggravé le déficit de l’état, ce qui est mal vu par l’Europe. Alors on monte une combine : « L’Acoss (la caisse de recouvrement de la sécurité sociale) a émis des billets de trésorerie pour 5 milliards, un établissement public les a souscrits puis a abandonné la créance qu’il détenait ainsi sur l’acoss. Celle-ci a alors annulé la dette de l’Etat à son égard et l’Etat s’en est trouvé allégé sans rien avoir décaissé. » D’après Mr Seguin la dette de l’Etat envers la sécurité sociale continue à grandir ; pour 2007 elle est de 2,5 milliards d’euros.
Au-delà de ce tour de passe-passe qui en dit long sur la manière dont sont gérées les finances de la nation, il est insupportable d’entendre les discours des ministres sur la culpabilisation des malades et des soignants qui seraient les premiers responsables des dérives financières de l’assurance maladie. Que le gouvernement nous prennent pour des idiots c’est son droit, mais qu’il fasse attention, cela n’est pas obligé de nous faire plaisir.