Ambiance morose, je suis dans un SASPAS ou je fais du 35 Consultations par jour (en pratique je vois encore plus de patients que ça) ça fait 10 à 15 minutes par Consultation payée.
À ce débit, il n’y a pas de patients il n’y a que des C. Les C du centre municipal de santé sont souvent de (…)
Vos commentaires
# Le 14 octobre 2014 à 18h28, par Anaïs Tasie En réponse à : SASPAS : La course aux C…
ô pôvre Matheu, pôvre C…
mais ça veut dire quoi "benner au spécialiste" ?
# Le 14 octobre 2014 à 18h33 En réponse à : SASPAS : La course aux C…
Effectivement, je ne sais pas si l’usage est répandu ou pas, ni si je l’utilise à bon escient. voici ce que je voulais dire :
Benner comme un verbe qui veut dire "envoyer par benne" avec une connotation péjorative comme benne à ordures ou à gravats. On pourrait dire "évacuer", ou "envoyer". J’ai entendu ce mot dans la bouche de plusieurs urgentistes désabusés " il faut que les généralistes arrêtent de benner aux urgences, on est plein", ou "6 heures d’attente et les rouges (pompiers) continuent de benner" par une infirmière. Il est utilisé aussi dans l’argot de pompiers pour parler de l’utilisation de leurs ambulances "Fait chier la vieille, ça fait 12 heures qu’on benne non stop !", voire dans la bouche du régulateur du 15 "Tu bennes ton patient aux urges, et on en parle plus !"
C’est franchement irrespectueux pour les patients, on l’utilise plus facilement sans s’en rendre compte en fin de journée au moment où on serait mieux chez nous… Çe verbe reste dans l’"entre nous soignant" où on peut se plaindre des patients sans être jugé, protégé par un certain corporatisme bienveillant quand il n’est pas malsain mais qui permet parfois de tenir. On dit benner comme on donnerait un coup de pied rageur dans une machine qui nous laisse impuissant, frustré. Entre provoc et burn-out, on voudrait ne jamais l’utiliser, mais le voila qui ressort d’on ne sait où dans un billet pour Pratique…
Antonin Mathieu
# Le 19 octobre 2014 à 20h51, par Anaïs Tasie En réponse à : SASPAS : La course aux C…
Moi je dénonce
mon copain il est prof de médecine générale
à ce titre, il passe son temps à chercher des maîtres de stage
dès qu’un médecin malin (une médecine maligne) a plus de deux ans de présence sur son territoire, il l’assomme de mails pour lui dire de prendre des petits avec lui/elle pour lui apprendre la vie
après (avec ses copains sous-prof et les jeunes chefs) il organise des séminaires de formation des maîtres de stage, même que c’est obligatoire pour pouvoir commencer à driver des étudiants
nous, on y va parfois pour rencontrer les autres et leur dire qu’il faut apprendre autre chose que le paiement à l’acte aux petits diants qui veulent devenir généralistes, ou qu’ont pas le choix car ils le seront, de fait, et de préférence dans des déserts…
et comme les petits y zont pas envie de se casser la tête avec le tiroir-caisse, et qui zaiment bien aussi avoir la techenique à portée ; et le labo et la radio et le spécialiste comme quand ils zétaient à l’hôpital où ils sont restés trop longtemps… faut aussi leur offrir des stages en CMS (centres de santé de municipalités communistes…)
bon, après, comme moi vieille généraliste et par ailleurs un peu maîtresse de stage je zone dans les réunions et de pairs, de réseau, de pôle et j’en passe, j’en rencontre pas mal de ce ptit monde
et comme je suis bavarde et curieuse aussi, je leur demande ce qu’y font et avec qui et comment saspas
et j’en apprends de belles
y a celui qui donne la sacoche le premier jour au petit nouveau qui a jamais vu que l’hôpital et qui lui dit "fais les visites, t’as bien un GPS ?"
et celui qui licencie son remplaçant et part en vacances, laisse le ptit/la ptite même pas encore docteur tenir la baraque sans lui donner son téléphone
y a le chef du CMS qui fait son show tous les mardis mais n’est pas là quand il y a un problème, débrouille-toi avec les autres qui passent j’ai d’autres choses à faire
et celui qui est le supermaître de stage mais qui supervise rien, par contre délègue aux jeunes de son équipe qui font ça bien mieux que lui mais pas payés plus
et les consult par 10 minutes (plus une urgence) faut bien rentabiliser la boutique et y être pour l’accès aux soins
et les jours où le stagiaire ne voit que le gardien qui lui donne la clef du cabinet le matin et à qui il la rend le soir, sauf les patients qui défilent
sans compter celui qui essaie de faire pression sur son émule pour qu’il change son appréciation qu’était pas assez bonne…
etc.
alors moi sur mon vélo je prends mon téléphone (c’est pas interdit je roule sur les trottoirs) et j’appelle mon copain et je lui raconte
"hé tu sais pas ce qu’il a fait ton maître de stage ?"
bizarrement jamais il ne doute de ce qu’a dit l’étudiant, faut croire que ça doit pas être les seuls…
et il me dit : "fais-moi un mail" (y a que comme ça qu’on communique avec les chefs…) "je vais envoyer un(une) sous-prof voir ce qui s’y passe"
la suite je la sais jamais, parce que ça tourne et que quand même je la fais pas moi-même l’inspection
mais même si je sais que c’est pas bien de cafter ses petits camarades, je peux pas m’empêcher d’espérer que ça changera un peu les choses
… chez moi je crois qu’ils sont contents pasque le lundi on mange du poulet ensemble
# Le 20 octobre 2014 à 09h21, par Jean-Eudes Denis En réponse à : SASPAS : La course aux C…
Pour le moral des jeunes.
Il y a 10 ans, ici, les stagiaires mangeaient avec nous.
Il m’est arrivé de leur faire des pâtes fraîches (maison) avec du poisson frais de la mer d’à côté. Et du pot-au-feu avec les légumes du jardin.
Notre pote Dominique (décédé depuis ce crétin) les emmenait aux champignons ou aux escargots en allant faire les visites, ses horaires de consultations étaient… flexibles.
Leur grande victoire a été quand un stagiaire leur a dit en fin de stage : J’avais tort de trouver inintéressante la médecine générale, y a-t-il de la place pour s’installer ici ?
David travaille comme un malade dans le patelin d’à côté mais il ne mange pas de pot-au-feu.
Il est végétarien.
# Le 22 octobre 2014 à 20h49, par Lanja En réponse à : SASPAS : La course aux C…
Ici (dans là où j’exerce actuellement - comme apprentie docteurE généraliste), on fait du slow C.
J’étais en stage en campagne pour ma première plongée en médecine générale, tout le monde travaillait jusqu’à pas d’heure avec beaucoup de C à la clé ( à la caisse ?), j’ai cru alors que ça marchait comme ça c’est tout (un point c’est tout).
Et pis après, j’ai fait mon saspas, et CA C EST PAS PASSé comme ça !! Quel choc quand tu vois que tu es la plupart du temps à côté de la plaque, que ce que tu vois c’est pas ça, que ce que tu entends, c’est pas ça non plus et qu’il faut...attendre. Attendre et voir. Je l’ai vu plusieurs fois, quand tu dépasses 15 minutes de consultation, plein de trucs émergent. Mais bon, parfois tu comprends rien quand même !!
A mon avis, il y a un laps de temps (j’ai dit 15 minutes, mais pas sûr. Faudrait faire des études là dessus) en deça duquel nous sommes dans l’incapacité de faire une évaluation juste et ajustée. Mon hypothèse : ce laps de temps est très peu dépendant du patient ou du médecin (bon, je m’avance, c’est une sensation). C’est comme qui dirait...comme la gestation, c’est environ 9 mois. Avant, c’est pas prêt. Autre hypothèse : c’est sûr qu’au delà d’un certain laps de temps également, bah on brasse juste du temps. Comme la gestation : après 9 mois, euh, ça n’avance plus quoi.
Des fois, j’essaie pour voir : je laisse traîner une consultation. Juste pour donner le temps au temps. Et j’attends pour voir. Bof, des fois y’a rien !!
Bon, mais les collègues, eux ils parlent de "eh toi, t’en vois combien ?" comme ça, pour jauger direct. Histoire de bien montrer qui c’est qu’est le plus fort.
Mais un jour, tous les C du monde entier se prendront par la main, ils s’uniront et ça sera le grand soir, ils demanderont du temps, rien que du temps !!!
La course, moi je la fais pas, j’ai pas de baskets !
# Le 27 octobre 2014 à 18h49, par Maud Gelly, médecin CMS Saint-Denis En réponse à : SASPAS : La course aux C…
Bonjour Mathieu, et toutes et tous,
On s’est croisés dans le CMS dont tu parles et j’ai honte de le reconnaître car je continue à croire aux centres de santé en général et aux centres municipaux de santé en particulier. Je crois surtout à notre collectif de travail, qui lutte depuis trois ans contre les pratiques de direction dont tu as fait les frais. Merci de dénoncer leurs conséquences délétères en matière de formation et de conditions de travail. Effectivement, nul ne peut prétendre faire d’enseignement au rythme que tu décris. Du soin non plus, d’ailleurs.
# Le 30 octobre 2014 à 18h16, par Rémy Nakache En réponse à : SASPAS : La course aux C…
Cher Antonin, nous nous sommes croisé sans nous rencontrer dans ce CMS car ty y arrivais au moment où je le fuyais (comme nombre de mes collègues). Je ne désespère pas pour autant des centres municipaux de santé, mais à la condition que les rationalistes dévots de Taylor rendent à Hippocrate sa conscience. Et ce n’est pas gagné. J’aurais aimé travailler avec toi.