Cette thèse, réalisée par deux internes en médecine générale de Marseille, Irène Mériaux et Ségolène Ernst est présentée dans le texte reproduit ci-dessous, signé par Gérard Bieth, et extrait avec son autorisation de sa lettre "Annuaire Sécu" du 4 novembre 2013 [1]
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"...Les auteurs ont effectué un travail sur les inégalités sociales de santé. La problématique de l’accès aux soins des patients vulnérables socialement est très actuelle et plusieurs études ont montré les difficultés que rencontraient de nombreux médecins généralistes dans la prise en charge de ces populations.
En tant que jeunes professionnelles, elles ont été marquées, lors de leurs premières expériences en cabinet de médecine générale, par leur incompétence à prendre en charge des patients socialement vulnérables, et par les préjugés partagés par certains professionnels de santé sur les bénéficiaires de la CMUC.
Elles ont évalué le besoin de formation des internes en médecine générale sur les ISS, et les dispositifs d’accès aux soins... Selon une enquête qu’elles ont menée auprès d’internes en médecine générale de Marseille, il apparaît que les étudiants ont une conscience partielle des inégalités sociales de santé se limitant trop souvent à une opposition entre pauvres et « non-pauvres », travailleurs manuels et non-manuels, et ont une vision réduite des déterminants de santé. En parallèle, les connaissances de base sur les dispositifs d’accès aux soins sont loin d’être acquises.
Cette étude situe le discours des internes par rapport à celui du corps médical et le replace dans un contexte sociétal. Elle confirme qu’en l’état actuel des choses, les internes n’ont pas les outils nécessaires pour "contribuer à la solution", et ils pourraient même, dans une certaine mesure, "faire partie du problème".
Concernant les politiques de lutte contre les inégalités sociales de santé, toute modification des stratégies de soins pourrait être vaine si les acteurs de terrain ne sont pas sensibilisés à ces problématiques et n’adhèrent pas à ces changements. Fort de ce constat, les efforts effectués sur la formation des futurs professionnels de santé prennent tout leur sens. Une intégration plus conséquente des sciences sociales dans le cursus médical pourrait permettre une adaptation de la formation aux nouveaux paradigmes de la santé, et plus globalement, une sensibilisation des étudiants au modèle bio-psycho-social. Une formation appropriée permettrait aux professionnels de santé de mieux jouer leur rôle dans la réduction des inégalités sociales de santé.
Ces conclusions font écho à la réforme en cours des études médicales"