Le troisième dossier du jeudi, ou le septième du vendredi

C’est ainsi qu’une fois par mois, par mail, une collègue annonce le sujet de la prochaine réunion de notre groupe de pairs .Et nous voilà tous, une soirée par mois, dans la grande salle d’attente de deux d’entre nous, avec le dossier de ce jour, pris donc dans l’aléa de nos agendas.

Souvent, les histoires les plus banales (angine, cystite etc.) donnent lieu à des échanges très fructueux, qui bousculent le ronron de nos habitudes, qui mettent à jour des données récentes sur les prises en charge. Quand il s’agit d’histoires complexes, il y a toujours dans le groupe quelqu’un qui connait mieux la question et sait partager ses connaissances. Un autre se propose de faire des recherches et de nous donner par internet le résultat de son enquête.
Il y a un climat de confiance qui fait que chacun raconte comment il a pu mener cette consultation, qu’il soit fier ou non de ce qui s’est passé. Il n’y a pas de jugement, chacun sait combien le métier est difficile, combien on peut être fatigué, lassé, agacé, combien, parfois, les choses évidentes ne nous sautent pas aux yeux. C’est un climat d’exigence paisible, respectueuse et généreuse où chacun a envie de progresser, d’apprendre, de faire mieux. On a plaisir à se voir.
La discussion tourne parfois bien sûr un peu au groupe Balint, en éclairant dans nos difficultés ce qui relève de notre ressenti, et ce qui relève de l’énigme de la situation médicale. Quelquefois, on transgresse la consigne de se tenir strictement au dossier du jour, quand l’un d’entre nous, qui est préoccupé par un dossier actuel, demande de nous en parler. C’est un énorme confort de savoir qu’on peut parler à plusieurs d’un dossier compliqué.

Ce groupe est issu d’un autre groupe né il ya 25 ans, en lien avec la SFTG (Société de Formation Thérapeutique du Généraliste), avec l’exigence d’indépendance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique. Pendant longtemps, en début d’année, on choisissait la liste des sujets. Le généraliste responsable de la soirée l’organisait, il était convenu que c’est lui qui animait la réunion, au plus près des questions de la médecine de premier recours, avec la présence d’un expert en appui pour éclairer tel ou tel point. Ce groupe a été très impliqué dans la constitution du réseau ville hôpital qui s’est constitué dans notre géographie de Paris –Nord, notamment grâce à l’impulsion de son fondateur, Jean-Pierre Aubert.

Nous fonctionnons en groupe de pairs d’analyse de la pratique depuis presque 10 ans, avec des médecins de tous âges, des généralistes « expérimentés » du groupe précédent, et aussi des jeunes médecins fraîchement installés , et des internes en médecine générale. La confrontation des expériences diverses est précieuse. Pendant 5 ans, nous n’avons été que des femmes (cf. l’article de Marie Binet écrit en 2008 : http://pratiques.fr/Un-groupe-de-pairs-et-de-meres,12479.html). Heureusement, depuis trois ans, un homme, jeune médecin, participe au groupe, et c’est même lui qui se dévoue pour faire les comptes-rendus.

Bref, un groupe chaleureux et efficace, pour mettre à jour nos connaissances et pour réfléchir aux choix de nos décisions médicales.

mardi 1er juillet 2014, par Elisabeth Maurel-Arrighi

Lire aussi

Les chroniques de Jeanine l’orthophoniste

9 décembre 2024
par Isabelle Canil
Isabelle Canil nous raconte la vie de Jeanine, une orthophoniste tour à tour amusée, fatiguée, émouvante, énervée et toujours pleine d’humour, une orthophoniste humaine, vivante et donc complexe, …