Longtemps, j’ai eu un problème de la première phrase à l’hôpital. Après avoir tapé à la chambre du patient, laissé un laps de temps nécessaire à la réponse, je rentre dans la chambre et je me présente.
Toujours. Étudiante, externe, interne. Toujours.
Et après ? Le blanc... Celui qui se fond avec les murs de l’hôpital.
Qu’est-ce que vous faites là ? Non, trop inquisiteur.
Qu’est-ce qui vous amène ? Non, trop stupide.
Qu’est-ce qui vous arrive ? Non, trop banal peut-être.
Finalement ce "qu’est-ce qui" me gène... Me laisse maladroite, debout, mal à l’aise. Et surtout ne me laisse pas de porte ouverte sur la découverte.
Alors, j’ai laissé faire le temps et j’ai laissé les questions m’envahir.
Un jour, que je ne situerai plus, j’ai été surprise par un patient dans une chambre et j’ai spontanément demandé "mais comment êtes-vous arrivé dans ce lit ?"
Et lui de me répondre "avec ce brancard"
Et nous voilà partis en fou rire.
J’ai gardé cette phrase. J’ai trouvé ma porte sur la découverte.
Chaque patient a sa propre réponse. Chaque patient me laisse rentrer dans son histoire par une porte qui lui est propre.
Et moi, je suis ravie parce que chacun m’offre une nouvelle histoire.
Zoéline, interne en médecine générale