L’engagement dans la rencontre transférentielle par temps de catastrophe
Psychiatrie, Psychanalyse, Psychothérapie Institutionnelle
Les 1 et 2 octobre 2021
Centre des Congrès de Reims

XVIIes Rencontres de la Criée

L’engagement dans la rencontre transférentielle
par temps de catastrophe

Psychiatrie, Psychanalyse, Psychothérapie Institutionnelle
Les 1 et 2 octobre 2021
Centre des Congrès de Reims

Nous ne saurions évoquer nos enjeux cliniques en escamotant l’actuelle pandémie qui est venue brutalement objectiver la possibilité de la mort.
Plus ou moins désavouées, les forces de déliaison ont mis à mal les Collectifs, les atomisant, chacun étant renvoyé à une lutte pour sa survie personnelle. Cette attaque des liens vivants renverrait à une entame de « la confiance dans le Monde ». Elle pourrait être mise en relation avec une destruction du « Nebenmensch » freudien que nous pourrions traduire par « complexe du prochain ».
L’enjeu de la rencontre transférentielle dans la psychose, mais aussi dans d’autres configurations cliniques, suppose de prendre en charge ce Nebenmensch en péril, strate inaugurale pour soutenir le registre de « l’image inconsciente du corps ». Ce qui reste problématique et difficilement transmissible concernerait la capacité de chaque thérapeute, de chaque soignant à « entrer dans la danse » (Françoise Davoine) et à s’y tenir debout.
Gisela Pankow parle fort justement de « descente aux enfers » à propos de cette « approche du dedans », et donc du partage de zones de catastrophe, voire des « aires de mort » psychiques évoquées par Gaetano Benedetti. Le thérapeute ou le soignant s’y risque, avec son corps et son « être au monde », sans l’appui rassurant d’une « pensée héritée » (Cornélius Castoriadis). Miser sur le désir inconscient suppose sans doute une sorte d’acte de foi laïque dans l’inconscient ; il s’agirait de produire une première forme, une Gestaltung, « forme formante » génératrice de l’espace à construire, et peut-être d’une historicité pour « le sujet potentiel » du transfert. Il faudrait insister paradoxalement sur la théorisation nécessaire pour chaque thérapeute, chaque soignant, qui s’inscrit sur les traces de ceux qui l’ont précédé, tout en réinventant « une boite à outils métapsychologique » personnelle, évoluant tout au long de son cheminement. Quel serait le ressort intime de l’énergie nécessaire pour supporter de telles traversées au long cours ? Le Collectif pourrait constituer un point d’appui qui permette à ceux qui en ont le désir de s’avancer, tout en s’étayant sur des constructions institutionnelles suffisamment solides, mais également malléables autant que nécessaires. Cette malléabilité serait en relation intime avec « l’aire de jeu » dégagée par D.W.Winnicott, matrice de toute la créativité ultérieure dans la psychanalyse, la psychiatrie, mais aussi dans les œuvres d’art. Or nous savons par expérience que cette créativité peut être entravée, empêchée par des forces hostiles au désir, que nous pouvons mettre en rapport avec la pulsion de mort dans son versant d’anéantissement. Remarquons la coalescence actuelle entre ces forces de mort et l’emprise idéologique des politiques néolibérales. L’engagement dans le transfert s’intriquera dès lors nécessairement avec une prise de position politique. C’est l’enjeu des « pratiques altératrices » (Pierre Dardot), qui nous permettent de rester vivants dans nos institutions, afin d’éviter qu’elles ne se transforment en nécropoles.
Autant dire que l’analyse institutionnelle permanente, qui suppose elle-même une énergie considérable, va engendrer des turbulences. La biopolitique de la peur, bien envahissante actuellement, renforce la nécessité d’un « désir travaillé » qui affronte la catastrophe et ses conséquences aléatoires : dislocation des liens vivants, ou à l’inverse émergence de solidarités nouvelles et de surgissements imprévisibles.


Pour plus d’informations pratiques, consulter cette page sur le site de La Criée


Programme du colloque des 1 et 2 octobre 2021

vendredi 3 septembre 2021