COLLOQUE DU 22 OCTOBRE 2015 A L’ASSEMBLEE NATIONALE
SALLE COLBERT 9H –13H
(entrée par le 126 rue de l’Université, M° Invalides ou Assemblée Nationale)
DESINTOXIQUONS NOTRE SANTE DE L’EMPRISE DES LOBBYS
Pour une autre politique du médicament en France
9h – 9h15 : Accueil = Jean-Louis Roumégas (député) et Michèle Rivasi (députée européenne)
9h15 – 10h15 : Première table-ronde = Etat des lieux de la sur-prescription et de la sur-facturation médicamenteuse en France et l’épidémie des conflits d’intérêts dans le domaine de la santé
10h30 – 11h30 : Deuxième table-ronde = Les pistes pour baisser le prix du médicament et éviter les conflits d’intérêts : la nécessaire réforme de la filière du médicament
11h45 – 12h45 : Troisième table-ronde = débat pluraliste avec les groupes politiques
Animation : Stéphane Foucard ou Anne-Laure Barret (journaliste spécialisée dans le domaine de la santé)
• Gérard Bapt (député, PS)
• Claude Malhuret (sénateur UMP, ex secrétaire d’Etat)
• Laurence Cohen (sénatrice, Front de gauche),
• Michèle Rivasi (députée européenne, EELV)
12h45 – 13h : Conclusion = Jean-Louis Roumégas (député) et Michèle Rivasi (députée européenne)
Intervenants confirmés :
• Gérard Bapt (député PS)
• Claude Malhuret (sénateur UMP, ex secrétaire d’Etat)
• Thierry Bodin (chercheur et syndicaliste, CGT Sanofi),
• Laurence Cohen (sénatrice Front de gauche),
• Philippe Even (professeur de médecine, Président de l’Institut Necker)
• Irène Frachon (pneumologue, lanceuse d’alerte du scandale du Médiator)
• Romain Icard (réalisateur du film documentaire « Médicaments sous influence »),
• Marie-Odile Bertella-Geffroy (ex magistrate, responsable du Pôle santé du TGI de Paris, avocate spécialisée dans les questions sanitaires)
• Marc Kaganski (appel des 39 –psychiatres, psychanalistes)
• Didier Lambert (Président de l’association E3M)
• Olivier Maguet (ONG Médecins du Monde)
• Serge Rader (pharmacien, lanceur d’alerte)
• Severine Tessier (Présidente de l’association Anticor)
• Générations Cobayes (association très dynamique qui travaille aussi sur les vaccins).
Le médicament est aujourd’hui sur la sellette avec la multiplication des scandales ayant causé des milliers de morts ces dernières années : le Médiator (plus de 1300 morts), le Vioxx (au moins 35 000 morts), les statines pouvant provoquer de lourdes pathologies (myopathies, cataractes, insuffisance rénale...). Ces médicaments toxiques doivent être complétés par la liste des médicaments inutiles concoctée par Bernard Debré et Philippe Even. Ceux-ci estiment que le marché du médicament est un grand 4/4 composé de 25% de médicaments indispensables, de 25% de médicaments parfois utiles, de 25% de médicaments seulement occasionnellement utiles et enfin de 25% de médicaments totalement inefficaces et parfois dangereux.
Chaque année en Europe on estime à 200 000 le nombre de morts liés à des accidents médicamenteux. En France, le chiffre officiel est de 20 000 morts par an identifiés auxquels il convient sûrement d’en rajouter 10 000 non recensés du fait des carences de notre système de pharmacovigilance. Cela représente plus de victimes que les victimes des accidents de la route.
A cela s’ajoutent les scandaleux profits des « majors » pharmaceutiques qui n’ont rien à envier aux grands groupes pétroliers.
Le secteur pharmaceutique est même de très loin la première industrie mondiale en terme de bénéfices exprimés en pourcentage du chiffre d’affaires avec une moyenne de 20%. Ce domaine possède un atout considérable par rapport aux autres secteurs marchands : celui de jouer sur la peur et de jouer à faire peur en étant maître de notre santé.
Le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer a vu son bénéfice net bondir de 51% à 22 milliards de dollars en 2013. Le bénéfice net des activités de Sanofi pour 2013 se situe à 6,69 milliards d’euros (plus de 9 milliards en 2011). Les taux de profit des principaux groupes pharmaceutiques mondiaux dépassaient en 2009 fréquemment les 30 % : 35 % pour AstraZeneca, 38 % pour Bayer, 36 % pour Roche et 41 % pour Sanofi selon la Mutuelle générale des Cheminots dans son étude sur l’industrie pharmaceutique.
Or, beaucoup de médicaments sont remboursés par la Sécurité sociale qui de ce fait garantit le chiffre d’affaires des industriels de la pharmacie et les profits de ses rentiers. L’Etat organise ainsi un détournement massif de l’argent public vers les poches des actionnaires de la Big-Pharma.
La cause principale de la dérive financiariste du secteur pharmaceutique avec son cortège de fusion, absorption et autre rachat de start-up tient à la panne sèche d’innovation réelle dans ce microcosme qui se porte si bien financièrement. Dans un rapport paru en 2012, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait que sur les 700 nouveaux médicaments mis en vente par les « majors » pharmaceutiques sur la décennie 2001-2011, seuls 4% présentent un intérêt essentiel. Edifiant. La Professeure de médecine Marcia Engel (ex rédactrice en chef de la revue New England Journal of Medecine) décrit d’ailleurs le secteur pharmaceutique comme un immense supermarché ne vendant que des médicaments copies (les fameux « me-too », « moi aussi je veux ma part de marché »).
La politique du médicament est en grande partie responsable du déficit structurel de la Sécurité sociale avec des dépenses qui culminent à 34 milliards d’euros. Les baisses de prix annoncées sont dérisoires et les déremboursements sont contrebalancés par l’introduction de nouveaux faux médicaments chers et inutiles dont la plupart sont en ASMR 5 (sans aucune plus-value thérapeutique).
L’Italie offre les mêmes garanties sanitaires pour une dépense en matière de médicaments n’atteignant que 18 milliards d’euros. L’opération mains propres initiée dans les années 90 a permis d’assainir la situation dans le domaine de la santé.
Les causes de cette inflation du coût du médicament sont connues : opacité des instances de fixation du prix ; sur-prescription médicamenteuse et sous prescription des génériques ; foisonnement de conflits d’intérêts entre l’industrie pharmaceutique, les médecins, les politiques et haut-fonctionnaires.
Il est temps que notre République sapée par la généralisation des conflits d’intérêts et de la corruption se ressaisisse et réponde au lobbying institutionnel des multinationales et à la faiblesse des moyens de contrôle démocratique dans l’exécution des politiques de santé publique.
L’industrie pharmaceutique a permis pendant des décennies des progrès thérapeutiques considérables en transformant des découvertes en recherche fondamentale de centre de recherche publics en produit de santé sûrs et efficaces par des efforts considérables mis en recherche et développement.
Notre colloque a pour ambition de provoquer un sursaut de l’ensemble des acteurs pour que les laboratoires retrouvent leur juste fonction et que l’intérêt général retrouve sa place au cœur de la politique du médicament.
Pour vous inscrire à ce colloque, vous devez envoyer votre nom, prénom, date et lieu de naissance à l’adresse suivante colloquemedoc22oct@gmail.com (plan vigipirate oblige).