Pratiques N°18 Quels savoirs pour soigner ?
Soignants et soignés, nous sommes nombreux à avoir souffert de la façon dont la médecine a réduit le savoir à des connaissances « objectives ». Pour nous, la santé et la maladie ne sont pas qu’une affaire de médecine et cela légitime les autres savoirs. Pour soigner, le savoir doit être pluriel et partagé : pluriel, il inclut à la fois l’indispensable savoir médical scientifique et technique, mais aussi notre culture sociopolitique, notre histoire, nos propres expériences humaines, mais encore et surtout le savoir du malade expert de sa maladie. Partagé, le savoir se nourrit de la confrontation entre les soignants et les soignés. Longtemps objet de pouvoir justifiant arbitrairement la position d’extériorité des soignants, le savoir, au contraire, permet le soin par la mise en oeuvre du partage. Pour nous, le savoir se situe sur la crête étroite entre proximité empathique et nécessaire mise à distance.
La médecine s’est réfugiée dans un savoir théorique figé dans ses certitudes au détriment de la réalité pratique du vivant. Tout le monde en pâtit : les soignants, pris dans la hantise de ne pas en savoir assez et ne se donnant pas le droit de travailler dans l’incertitude alors que la science du flou est inhérente à la médecine. Les soignés, démunis et souffrant d’être incompris quand leur pathologie ne correspond pas au modèle standard.
Le savoir est également source d’émotions : La tristesse d’annoncer un diagnostic grave à un malade qu’on connaît bien, le plaisir de comprendre et de trouver, l’enrichissement de la rencontre avec l’autre qui nous fait partager ses savoirs.
Aujourd’hui, savoirs et soins se recentrent sur le malade en utilisant les ressources de toutes les personnes concernées. De cette conception des savoirs au service du malade émergent de nouvelles pratiques, celles de réseaux pluridisciplinaires de professionnels ou celles de certaines associations de malades faisant œuvre militante. La problématique de la transmission et du partage du savoir en médecine aboutit à la question du sens et du lien : un savoir pour qui et par qui ? pour quel soin et pour quelle société ?
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Sommaire du N°18
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La plénitude des savoirs par (p. 7)
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L’Incertitude et l’Evidence-based Medicine par (p. 12)
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Mon petit baobab par (p. 15)
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La réalité du terrain par (p. 19)
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Soigner chez les Papous par (p. 24)
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La sourde inquiétude du savoir par (p. 30)
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Petite digression parabolique par (p. 32)
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Apprendre la patience par (p. 34)
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L’exode des savoirs par (p. 36)
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Des richesses qui s’échangent par (p. 37)
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Dangers du non-partage par (p. 38)
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Le silence du savoir par (p. 45)
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Un savoir qui prend corps par (p. 46)
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Intime conviction par (p. 48)
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Vive ;le dissensus constructif par (p. 49)
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Du devoir d’information au besoin de croire par (p. 51)
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Information = Pouvoir par (p. 55)
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Cela ne mourra pas par (p. 59)
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La négociation par (p. 63)
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Les 20 € qui cachent la forêt par (p. 65)
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La fabrique des enfants par (p. 67)
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Travail du lien par (p. 72)
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Transgressions par (p. 75)
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Faut-il avoir souffert pour être poète ? par (p. 78)