AIDE MÉDICALE DE L’ÉTAT : PARCOURS DES PATIENTS DEPUIS LE PAYS D’ORIGINE JUSQU’AU CABINET DE MÉDECINE GÉNÉRALE DANS LE DÉPARTEMENT DE SEINE-ST-DENIS
Le rapport de l’Inspection générale des Finances et de l’Inspection Générale des Affaires sociales a étudié le parcours de soins des patients AME des CPAM de Paris et de Bobigny en 2009.
95 % des bénéficiaires ont recours à des prestations de ville et 82 % des bénéficiaires ont recours à des consultations de médecin généraliste. Ainsi, la médecine de ville tient une place essentielle dans la prise en charge des patients bénéficiaires de l’AME. À ce titre, les problématiques spécifiques de cette population concernent directement le médecin généraliste. Le présent travail concerne les patients bénéficiaires de l’AME qui consultent en médecine générale de ville. L’objectif principal était de décrire leur parcours d’accès aux soins et les difficultés rencontrées dans ce parcours. Les objectifs secondaires étaient de mieux connaître les histoires de migration et les conditions de vie de ces personnes, ainsi que leur opinion sur le système de santé dont ils bénéficient.
Nous avons mené une étude qualitative par entretiens semi-dirigés auprès de 15 patients (francophones ou accompagnés de traducteurs) consultant en cabinet de médecine générale libérale sur rendez-vous, en Seine-St-Denis.
La plupart des patients interrogés ont migré pour des raisons autres que la santé et ne connaissaient pas le dispositif de l’AME avant d’arriver en France.
Si l’accès au cabinet de médecine générale n’a pas posé de problème, plusieurs d’entre eux ont dû en revanche faire face à des refus de soins par certains spécialistes.
Beaucoup d’entre eux ont également rencontré des difficultés administratives pour faire valoir leur droit à l’AME, en particulier lors du renouvellement.
Le réseau social et familial des patients apparaît comme un facteur facilitateur essentiel pour l’accès aux soins, à chaque étape du parcours (connaissance du dispositif, constitution du dossier, choix du médecin, etc.). Par ailleurs il ressort une forte présence de troubles anxio-dépressifs sans doute liés à l’exil et à la précarité des conditions de vie. De ce fait, pour ces patients faisant l’expérience de l’exil, les qualités humaines et relationnelles du médecin semblent tenir une place très importante.
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Ce travail permet de lever une partie des clichés communément évoqués sur les logiques de recours aux soins des personnes en situation irrégulière. Le recours aux soins ambulatoires est jonché de difficultés pour les primo-arrivants mais une bonne partie de ces obstacles peut être évitée par un réseau social solide. Le médecin généraliste joue un rôle central, qui va bien au-delà du soin médical pour ces patients. Aussi, la formation initiale et continue sur les spécificités médico-psycho- sociales et juridiques liées à la migration devrait être améliorée.
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