Constater, c’est bien. Agir, c’est mieux !

Il aura donc fallu la publication d’un rapport officiel qui confirme que 25% de Français ont renoncé à des soins médicaux faute d’argent, pour qu’enfin cela fasse la « Une » des journaux. Et, ce que ne savent pas les médias, c’est que sans l’action des soignants du 1er recours que sont les médecins généralistes, infirmières, kinésithérapeutes...

Ce pourcentage serait bien plus élevé. Certes, tous ces soignants n’agissent pas quotidiennement pour permettre l’accès aux soins des personnes les plus en difficulté financière, certains, même, osent faire le contraire. Mais là où les populations subissent de plein fouet les effets de la crise, ceci s’ajoutant le plus souvent à la précarité du travail, se soigner devient de plus en plus un souhait, voire même une espérance. C’est dans ce contexte que ces soignants font preuve de courage pour essayer de répondre à tout le monde.

C’est donc avec une nouvelle crainte qu’ils découvrent le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale, Projet qui se propose, une fois de plus, de rendre le chemin de l’accès aux soins plus difficile. Madame la Ministre a beau dire le contraire à l’Assemblée Nationale, le constat est aveuglant : l’Assurance maladie se désengage de plus en plus de la protection maladie. Elle transfère aux assurances complémentaires, mutuelles et assurances privées, le reste à charge du soin qu’elle ne veut plus assurer, avec comme conséquence l’augmentation du coût de ces assurances. De plus, madame la Ministre se paye le culot d’accuser les dites complémentaires d’en profiter pour se faire du profit. Que celles-ci ne soient pas philanthropiques, c’est une évidence, mais transférer ses dettes aux autres et les accuser ensuite de vouloir s’en sortir en augmentant leurs ressources, c’est vraiment être mauvaise camarade.

Au même moment, les ARS partent en guerre contre les inégalités de santé : on ne peut que s’en réjouir. Les inégalités de santé ne se réduisent pas au non accès aux soins. Mais cela y participe grandement. Les soignants du 1er recours, ceux qui exercent leur métier dans la proximité de la vie des gens, savent bien qu’au delà de ces affirmations de bonnes intentions se cache une incapacité, voire une incompétence notoires à lutter contre ces inégalités. C’est le système économique qui nous gouverne qui produit ces inégalités. Il est donc nécessaire que les soignants qui refusent la disparition programmée de la protection maladie solidaire sortent de leur silence.

Le dévouement au malade est une qualité humaine et professionnelle indiscutable. Être des lanceurs d’alerte sur les inégalités de santé est une responsabilité collective des soignants, notamment des médecins généralistes. Agir collectivement contre l’injustice sociale dont sont victimes les personnes malades est un devoir citoyen.

samedi 16 octobre 2010

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