CAPI : quand un médecin s’interroge...

Hier j’ai vu une de mes patientes qui a du diabète, et aussi une insuffisance respiratoire liée à une bronchite chronique, et un nodule à la thyroïde, et une dépression qu’elle traite parfois avec l’alcool, ce qui lui fait faire des pancréatites, et des problèmes financiers et d’éducation de son fils qu’elle élève seule, et un frottis pas normal qu’elle n’a pas le temps de venir faire vérifier à mon cabinet (je la vois en visite). Je regarde ses bilans biologiques dans mon dossier, et je vois qu’elle a fait 2 hemoglobines glyquées dans l’année, et elle n’a pas vraiment envie d’en faire une troisième, d’autant que ses glycémies contrôlées au doigt sont plutôt sans problème. Alors je me dis : dois-je insister ? et si j’avais signé un CAPI [1], insisterais-je différemment ? sans oser lui dire que je souhaiterais qu’elle ait cet examen (pas indispensable à mon avis pour elle) surtout pour améliorer mon score, dont dépendrait ma rémunération… ?

Et je me souviens quand j’étais médecin référent, là par contre je n’avais aucune honte de dire à mes patients que j’étais rémunérée un forfait de 45 euros par an pour le temps que je passais à tenir leur dossier, me former pour mieux prescrire, et prendre du temps pour m’occuper de leurs différents problèmes de santé et faire de la prévention… tout en leur expliquant que le paiement à l’acte n’était pas adapté à ma pratique et que je souhaiterais être payée en fonction du nombre de patients que je prenais en charge, pour décider de la façon dont je m’y prends, en prenant du temps si besoin, pour les aider à prendre en charge leur santé sans attendre qu’ils soient (plus encore) malades…

lundi 13 septembre 2010

Lire aussi

Pour une contre-contre-réforme des retraites

14 mars 2023
par Ronan Jégot
Avec des copains, nous militons pour une réforme des retraites (une « contre-contre-réforme ») plus offensive, qui contient : 1/ la retraite dès 50 ans pour tout le monde, 2/ sans condition de …

Dur de se soigner quand on est précaire

3 février 2015
par Sophie Legoff
L’existence de droits sociaux ne suffit pas à garantir un accès aux soins. Les personnes qui ont droit à l’AME ou à la CMU ne parviennent pas toujours à intégrer le système de droits commun. Le …

Quand les toubibs en font-ils trop ?

3 août 2013
par Docteur S.
Où le Dr S se saisit pour la première fois du Nous pour faire l’(auto)critique de pratiques pas si inhabituelles dans une pathologie que tout le monde connait : la lombalgie. Quoi de plus banal …

Une violence qui interroge

1er novembre 2010
Un médecin manifestait...et assistait à la répression. Comment se défendre ?